Il y a près de deux siècles et demi, le 23 avril 1775, naissait Joseph Mallord William Turner. Virtuose de la peinture, l’artiste britannique est un des artistes les plus connus du XIXème siècle dont le talent incomparable lui a valu le surnom de « peintre de la lumière ». Le musée Jacquemart André à Paris expose en ce moment ses toiles et aquarelles prêtées par la Tate. En attendant sa réouverture vous pouvez retrouver ces œuvres accompagnées d’explications sur les réseaux sociaux du musée.
1/ Débuts tonitruants à la mode du romantisme
Le talent de J.M.W. Turner ne s’est pas fait attendre pour se révéler aux yeux de ses pairs. Dès ses 12 ans, le jeune artiste multiplie les aquarelles de marine dans la mode de l’époque qui font toute la fierté de son père. Ce dernier travaille comme barbier à Londres tandis que sa mère, souffrante, perd progressivement la raison. Cela n’empêche pas le jeune prodige de persévérer dans sa discipline, largement soutenu par son père qui, sûr de son potentiel, inscrit son fils dans un atelier d’architecte afin d’améliorer sa technique de dessin et de perspective.
En 1789, William Turner est prêt à révolutionner la peinture et entre à la prestigieuse Royal Academy of Arts. Insatiable, il se passionne pour les œuvres de Rembrandt, Van de Velde, Titan ou encore les Français Nicolas Poussin et Claude Lorrain. Il effectue de nombreux voyage en Europe, et s’éloigne des peintures d’après nature pour créer son propre style qui interpelle le spectateur sur les sensations et impressions que procure un paysage. Cette démarche inspirera quelques années plus tard un certain Claude Monet et autres impressionnistes de la fin du XIXème.
2/ Précurseur de l’impressionnisme
La lumière éclatante du soleil vénitien, le calme inquiétant d’un clair de lune sur un port endormi, chaque spectacle que nous offre Turner provoque quelque chose en nous. Conscient de son génie, il s’autorise toutes les libertés pour parvenir à ses fins et retranscrire l’émotion qu’accompagne un paysage. Certaines toiles comportent d’importantes phases abstraites et des formes deviennent vaguement reconnaissables.
Dans les années 1830, le peintre que l’on ne présente déjà plus prend un tournant radical. Plus que jamais obsédé par l’effet produit par ses toiles sur ses spectateurs, William Turner décide d’y mettre le feu. Cette période prend sa source dans la découverte du jaune chrome, un pigment innovant qui va vivement susciter l’intérêt de l’artiste. Les toiles qui en résultent, comme L’incendie de la Chambres des Lords et des Communes de 1834, sont très mal reçues par la critique de l’époque. Ces œuvres sont jugées maladroites et déplacées et font chuter sa cote.
Erreur de parcours ? Pari raté ? Son ami et critique d’art John Ruskin nous assure du contraire : « Le langage instinctif et brûlant exprimerait moins de choses s’il en disait davantage ». En effet, comment ne pas se laisser envoûter par ces flammes déchaînées qui tournoient devant nous ? Cette période, sans doute la plus éloignée du romantisme des toiles marines de l’époque, semble être la plus emblématique du travail de recherche de Turner.
3/ Le sens du spectacle
Cette liberté du geste, Turner la doit aux nombreux succès qu’il connaît tout au long de sa carrière. À 24 ans, il est élu membre de la Royal Academy. Il ouvre sa propre galerie à Londres en 1804. Ses toiles le placent à la tête d’une petite fortune mais il continue de vivre modestement. Cependant, il aime jouer de son succès. À quelques heures du début de ses expositions, l’artiste avait pour habitude d’envoyer des esquisses de toiles qu’il finissait sur place, sous le regard de ses admirateurs.
L’artiste joue même de son succès en alimentant sa légende. Il affirme par exemple avoir été présent sur l’Ariel au moment où ce dernier traversait une violente tempête. Il aurait alors demandé à des membres de l’équipage de l’attacher au mât pour assister à ce déchaînement des éléments afin de le retranscrire dans sa toile Tempête de neige en mer. Ce fait n’a jamais pu être avéré, mais contribue au mythe d’un artiste déjà extraordinaire.
4/ Inspirations de Turner sur Line Up Gallery
L’audace et la liberté du geste ont inspiré des générations d’artistes. L’expression d’un sentiment dans un tumulte abstrait de couleurs qui nous fascine dans l’œuvre de Turner a permis à de nombreux artistes de s’affirmer et de prendre confiance en leur démarche. C’est le cas de Marine Bonzom qui nous livre un art personnel aux nuances finement associées. Ses toiles parlent de moments de vie d’une jeune femme, composés d’extases et d’afflictions.