L’impressionnisme, courant majeur de l’histoire de l’art moderne, est né le 13 novembre 1872 à 7h35. Ce matin là, Claude Monet peint la célèbre toile « Impression, Soleil levant », exposée au Musée Marmottant à Paris. Ce chef d’œuvre du peintre passionne aujourd’hui autant qu’elle divisait autrefois, à ses débuts. Retour sur une exposition prétendue insignifiante, charnière d’un mouvement mythique.
Dans l’article précédent de la série, on vous présentait William Turner (1775-1851) comme précurseur du mouvement impressionniste. En effet, bien qu’il puisait ses sources dans le naturalisme de l’époque, le célèbre peintre anglais su s’en détacher pour s’intéresser à sa perception et aux sensations ressenties face à un paysage.
1/ Les impressionnistes réunis
En 1873, la Société anonyme des peintres, sculpteurs et graveurs est créée. Elle fait suite à un mouvement de révoltes de la part d’artistes refusés au Salon de 1873. Ils reprochent au jury d’être trop conservateur. On y retrouve Monet, Renoir, Degas, Sisley ou encore Pissaro.
Elle tient sa première exposition en 1874 et ne connait pas un grand succès durant son mois d’ouverture. La Société, au bord de la faillite, est dissoute la même année.
Elle attire toutefois un grand nombre de journalistes et de critiques d’art qui se montrent pour la plupart sceptiques quant à ce nouveau mouvement.
2/ L’accueil de l’exposition
Le journaliste Edmond Renoir, frère de Pierre Auguste Renoir, est chargé de la rédaction du catalogue de l’exposition. Il demande à Claude Monet de changer de nom pour son œuvre « Vu du Havre ». Ce dernier répond simplement « Mettez Impression », avant que le journaliste le complète par « Soleil levant ».
Louis Leroy, critique d’art réputé pour la revue du Charivari, n’adhère pas à ce style novateur et écrit à propos de cette œuvre : « Que représente cette toile ? Impression ! Impression, j’en étais sûr. Je me disais aussi puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l’impression là-dedans » . D’un ton moqueur, il nomme son article : Exposition des Impressionnistes.
3/ Une technique emblématique du style impressionniste
Cette composition aux tons majoritairement froid accentue les ombres des silhouettes que l’on aperçoit. Le soleil représenté par un simple disque apporte de nouvelles teintes au ciel sans pour autant l’embraser comme ce sera le cas quelques minutes plus tard.
Les fines touchent marquant le reflets du soleil se mêlant aux vaguelettes, caractéristiques du style impressionniste, n’ont pas davantage les faveurs du critique d’art : « Le papier peint à l’état embryonnaire est encore plus fait que cette marine-là. »
Si les impressionnistes ont peiné à convaincre à leurs débuts, ils gagnent peu à peu les faveurs du public quand le marchand d’art Paul Durand-Ruel les exposent à Londres et surtout à New York en 1886. Après une dizaines d’existence, les impressionnistes laisse leur place aux postimpressionnistes des Van Gogh ou Gauguin dans une nouvelle démarche créatrice.